Exacte transition entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, la vie et l’œuvre de Bernard Le Bovier de Fontenelle s’étalent sur cent

ans : né en 1657, il meurt en 1757. Sa carrière est d’autant plus longue qu’elle commence tôt: publiant quelques poèmes dans

le Mercure galant de Donneau de Visé, le débutant reçoit immédiatement les honneurs de

l’Académie Française – qu’il intègre en 1691. Le neveu de Pierre et Thomas Corneille ne cesse de vanter ses nobles origines:

le Parallèle de Corneille et de Racine est un véritable panégyrique en faveur de son oncle.

En 1687, Fontenelle quitte sa charge d’avocat pour intégrer plutôt les cercles mondains de Paris. Il écrit des livrets

d’opéra et des pièces de théâtre –dont on ne joue qu’un petit nombre– et s’engage dans les querelles littéraires de son

temps. Dans son Discours sur l’églogue, –contre Théocrite–, en 1687, et surtout dans Digression

sur les Anciens et les Modernes en 1688, le polémiste s’autorise de véhémentes critiques,

revendiquant une modernité qui en agace plus d’un.

Dans les Caractères (V, 75.), La Bruyère lui dédie le portrait de Cydias; une caricature sèche

et précise du mondain pédant et intellectualisant. Depuis De l’origine des fables (1686), en

passant par l’ Histoire des oracles (1687), Bernard de Fontenelle confirme son talent dans Dialogues des morts (1683) et Entretiens sur la pluralité des mondes

(1686). Considérées comme ses plus grandes œuvres, elles sont une célébration du style, aisé et concis, de l’auteur et une

remarquable démonstration de ses facultés de réflexion.

Mêlant l’essai à la fiction, l’utile à l’agréable, Fontenelle se fait l’annonciateur de l’esprit philosophique du XVIIIe

siècle, –situé entre les Lumières et le libertinage–, et orchestre un renouveau littéraire qui entend déclarer haut et fort

la raison seule souveraine.