J’ai été moi-même passionné par la lecture de cet ouvrage, enchanté de découvrir, à partir de faits apparemment banals, toute une démarche : à travers le quotidien tout simple, de la faim, de la fatigue, de la chaleur comme du froid, se dégage un climat spirituel extraordinaire. Je note des choses importantes : l’isolement, et puis inversement « trop parler, trop manger, c’est plus épuisant que le silence et le jeûne ». Et puis ce leitmotiv qui revient de temps en temps : « Je prie et je marche, je marche et je prie. » C’est devenu instinctif, comme une « seconde nature ». Et l’on découvre, j’allais dire, « la faune » des pèlerins (car il semble bien à travers le récit de Huguette que c’est la grande diversité) qui se retrouvent, se rencontrent, se dépassent, se redépassent, sur la route de Compostelle. Il y a ceux qui — comme Huguette, comme ce Pierre, hollandais, qui fera toute la partie espagnole de la route avec elle — font une vraie démarche spirituelle, mais aussi l’amateur qui marche, qui prend le bus, qui s’arrête, qui repart, et chez qui on ne sent aucune motivation spirituelle, et puis les aventuriers, et puis les touristes, et puis… sans oublier les accueillants dans les villages comme dans les « maisons d’accueil ».