NOËL ILARI, fils d'un ancien bâtonnier du barreau de Rennes, est breton de naissance, mais d'hérédité corse. Ses études supérieures terminées, il devient assureur-conseil à Paris. Elégant, mondain, connu du « Tout-Paris » de la Belle Epoque, il aurait haussé les épaules si quelque chiromancienne lui avait prédit que, quarante ans plus tard, de son ermitage Sainte-Hélène, sur une île perdue de l'Océan Pacifique, il écrirait ses Mémoires.
Il a connu l'aventure, le risque ; débarqué, avec une équipe de travailleurs pour récolter le coprah, sur une île basse menacée par la mer, où chacun en arrivant « prépare » son cocotier pour y grimper en vitesse. Et sa goélette erra cinquante-cinq jours, perdue sur l'océan. Il a connu, avec les Vahinées, l'amour... à la Loti. Puis le mariage (sous le rite kanito, mormon hérétique), avec l'une de ces ardentes Tahitiennes, farouchement dévouées à leur tané (mari).
Mais tout ceci n'est que le décor fleuri de sa vie. Combattant volontaire et décoré des deux guerres, capitaine d'artillerie de réserve, il transpose sur le plan social et politique son violent patriotisme. On l'élit conseiller des Iles Australes, et, en 1953, président de l'Assemblée Territoriale de Polynésie. C'est alors la lutte pour le mieux-être de populations brimées, affamées par de mauvais Français qui donnent de la mère-patrie une image grimaçante et des « requins » plus dangereux que ceux de la mer.
A cette époque où un peu d'adresse et la compréhension de légitimes aspirations auraient, par l'organisation précoce d'une Fédération, sauvegardé l'amour de la France et de l'Empire.
NOËL ILARI connaît alors la prison dans d'affreuses conditions, l'interdiction de séjour ensuite. Même en Indochine, la haine poursuit ce patriote loyal et social.
Maintenant, c'est l'heure de la sérénité reconquise, à l'île Tubuaï, dans les Australes, où viennent se ravitailler en légumes les populations des îles voisines, l'« Ermite » vit avec sa famille tahitienne. Sa fille Maréva, respectueuse du passé de son père et de ses ancêtres polynésiens, a grandi.
Il écrit ses Mémoires, jette un coup d'œil en arrière et s'interroge sur les valeurs réelles de la vie.