Rarement il nous a été donné de lire ouvrage de psychanalyste plus sincère, plus innocent. Le psychanalyste, ici, gagne en humanité et en tendresse ce qu'il perd en pouvoir et en mystère. Il y est question de violence et d'une violence devant laquelle le praticien, à aucun moment, ne garde sa neutralité. Nous travaillerons dans ce livre, dit l'auteur, avec des malades, de vrais malades, des écorchés, desdrop out, des laissés pour compte, des poètes, des traîtres, des vendus, des saints, des psychanalystes, des enfants, des adolescents, des femmes, des enragés, des génies, des fous. Et Julien Bigras nous montrera comment fonctionne l'analyse de chaque côté de la barrière, comment réagit l'analyste au discours de ses patients, à leurs fantasmes et par quel mécanisme – que l'auteur associe à la régression – il parvient à les appréhender dans leur nudité, dans leur vérité profonde, archaïque et fondamentale, là où la violence prend naissance, nous renvoyant à la mère du tout début. Celle-ci fonde notre vie inconsciente. Jamais nous ne cessons d'y réagir avec désespoir ou fureur, avec effroi ou amour. Elle constitue notre appel à l'autre, notre désir fusionnel à jamais impossible, à jamais regretté. La violence, c'est le cri que nous ne cessons jamais de jeter vers notre mère, chaque fois que nous devons affronter la peur, la solitude, la souffrance, la mort.