Comme chacun sait, tous les « vrais Parisiens » sont d’anciens Provinciaux : il n’y a donc pas lieu de s’étonner si Touchagues est né aux environs de Lyon, à Saint-Cyr au Mont-d’Or, où s’est déroulé son enfance, et ses études aux Beaux-Arts se situent à Lyon. Au surplus, le Lyon de sa jeunesse est plein de futurs Parisiens, qui s’appellent Henri Béraud, Marcel Achard, Gaston Baty, Pierre Scize, etc. Les rejoignant un peu plus tard dans la capitale, Touchagues n’aura pas à attendre pour être mêlé aux milieux parisiens les plus vivants et les plus brillants, dès les premiers jours de l’autre après-guerre. Que ce soit comme régisseur général chez Dullin, dessinateur pour les journaux, portraitiste des personnalités parisiennes, décorateur ou illustrateur, organisateur de fêtes, Touchagues a connu toutes les célébrités de notre temps — et les citer serait nommer, dans le monde des arts, des lettres, des spectacles et de la mode, tous ceux qui comptent au premier rang dans chacun de ces domaines. C’est dire que souvenirs, portraits, anecdotes et réflexions se succèdent, pour faire de ce livre une éblouissante chronique de la vie parisienne de ces trente dernières années. Comme si elles revivaient devant nous, comme si nous les avions vécues avec Touchagues. Le couturier Paul Poiret a écrit « En habillant l'époque », Touchagues devait nous donner « En dessinant l'époque », et ses évocations sont bien celles qu’on pouvait attendre du descendant direct de Constantin Guys et de Bottini.