Louisette Dorcet vient d’avoir dix-huit ans. La nature l’a élue, lui prodiguant beauté, charme, grâce, distinction. En elle, tous les idéaux semblent communier ! Comment garer une telle richesse de la convoitise masculine ? Louisette, sage, prudente, évite les importuns, suivant en ceci les exhortations de son brave père, celui-ci la protégeant de toutes ses forces morales. Longtemps, Louisette s’est refusée aux contacts recherchés d’un poursuivant obstiné, d’allure et de manière distinguées. Cependant, il s’agit d’un riche viveur, cachant sous de faux dehors l’âme noire d’un noceur sans vergogne. Loup rusé, il a su enfin aborder sa proie. Le reste du problème lui est familier. Le jeune baron de Fédée est tout mensonge, tout parjure. Sa cruauté froide, sa fringale animale de chair vierge vaincront la candeur, la confiance de l’ange sacrifié. Le malfaiteur a triomphé de tout. Il a fait de l’adorable Louisette une épave, fille-mère abandonnée, dont le père est mort de l’épouvantable drame. Nous retrouvons Louisette, longtemps après, dans la déchéance des bas-fonds de Paris. Ne voulant pas mourir dupe, elle considère cette fange comme le seul port, où elle peut forger des sanctions que la société n’a pas voulu prononcer. Mais des circonstances tragiques du milieu, l’obligent à se lancer, à corps perdu, seule, contre toute une compagnie de bandits, au secours d’une victime lamentable de ceux-ci, fille-mère comme elle. Scènes d’héroïsme surhumain, qu’il faut lire. Louisette Dorcet, martyre et justicière, mourut écrasée par la malfaisance humaine, mais connut une fin apaisée par le secours sublime du valeureux journaliste Just Deligny, héros de l’élite civique, seule et vraie noblesse française.