Mania Civel est née de mère russe et de père breton, en Ukraine, sur cette terre si riche où, de chaque sillon, montait vers le ciel, en même temps que le chant de l’alouette, le timbre chaud des paysans et paysannes russes. Son père était professeur de langue française. L’auteur vint en France, petite enfant, accompagnant sa famille, au début de 1914. La guerre, puis la tourmente qui déferla sur la Russie, les empêchèrent d’y retourner. L’aïeul maternel, grand seigneur, dilapida sa fortune, aimant trop les femmes et le vin. Le grand-père de l’auteur gouvernait plusieurs communes, dont l’étendue le tenait éloigné des siens, des semaines entières. C’est à cheval qu’il visitait les paysans dont il était très estimé. Mais, à l’instar des Révolutionnaires français, les Nihilistes russes furent sans pitié pour la noblesse. La Révolution fut d’autant plus terrifiante que le pays est immense. Mais tout s’apaise avec le temps. Si la Russie a subi les modifications qui s’imposaient, l’âme du peuple russe n’a pas changé, elle demeure nostalgique, généreuse, tourmentée, enthousiaste. L’auteur hérita de son grand-père la passion des chevaux. C’est une écuyère accomplie. Elle n’a pas échappé à l’atavisme de son pays natal. Vous trouverez dans : « Mes deux maris », une atmosphère tolstoïenne, une volupté troublante, la complexité attirante du caractère slave, et des pages ravissantes sur la vie de la vieille Russie.