« Le Vif Aimer » de Jean-Damien Roumieu est un chapelet d'instants. Le recueil peut sembler déséquilibré par sa deuxième partie nettement plus épaisse que les autres, mais, pour qui saura la lire, la vivre, cette épaisseur de « la houle montante » s'impose, et sans éclipser l'épaisseur propre aux autres parties du recueil... Ce recueil est, de bout en bout, traversé des esprits élémentaires, originels. L'amour est, ici, une religion, comme il était dans l'inspiration d'un John Donne, par exemple. L'amour est, ici, les éléments, la nature, et la religion, confondus en un langage silencieux, rituel sacré, exploration du mystère d'être, de vivre, de sentir, de s'émouvoir. Jean-Damien Roumieu a en lui la pure innocence et la passion du Cantique des Cantiques ou des Poèmes d'Amour de Paul Eluard. En ce rêve de « brasier bleu d'indomptables nuits », où s'unissent lumière et obscurité, et tendresse et violence, dans la révélation du nu, du pauvre, et de l'illimité, dans l'avènement de l'hors-soi comme destination et ultime port d'attache, l'hors-soi comme point de mire et de convergence, Jean-Damien Roumieu est choisi par des mots chargés de mémoire... D'où il parle, de son sommet inaperçu et, peut-être, aujourd'hui, invisible, il chante une louange au Dieu d'Amour qui a fui nos contrées, où âme et corps, esprit et chair, semblent avoir, à jamais, divorcé. René Agostini